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L'Abbaye du Sacromonte de Grenade : San Cecilio, les "Siete varones" et l'incroyable histoire des "livres de plomb"

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(23 mars 2020) QUentar-Grenade

L’arrivée du Camino Mozárabe à Grenade est, à proprement parler, merveilleuse. Un vrai cadeau au pèlerin qui vient de franchir la Sierra Nevada.

En effet, le Camino descend directement de la montagne sur l’Alhambra, sans les interminables entrées de ville qui sapent les semelles et le moral des pèlerins.

Le Camino Mozarabe régale le pèlerin qui vient de manger des cailloux pendant plusieurs jours d’un spectacle majestueux : l’opulent jardin de la Vega de Cordoue et son joyau de pierre dorée.

L’entrée de ce paradis biblique semble gardée par l’imposante Abbaye du Sacromonte, avant la descente jusqu’au célébrissime quartier gitan du même nom.

Le 1er février, vous aurez droit à la procession et la fiesta familiale, dansante et avinée qui l’accompagne, en l’honneur de San Cecilio, le patron de Grenade.
Attention, San Cecilio au masculin!


Pourquoi cet Abbaye ? D’où peut bien sortir ce Cecilio pour être honoré ainsi par toute une ville ?

Pour le savoir, il faut faire un long mais passionnant détour par l'histoire des premiers temps de l’évangélisation de l’Espagne et les "Siete varones" les disciples de Santiago, puis rappeler la terrible histoire de l’expulsion des Moriscos et la cruelle guerre des Alpujarras et des débats théologico-politiques du XVIeme siècle.

En découvrant au détour l'incroyable histoire de falsification de documents, une vrai « FAKE NEWS » du XVIeme siècle, qui s’est passé ici-même et est à l’origine de l'Abbaye du Sacromonte et de la vénération à San Cecilio.


Los Siete varones apostolicos :

"Les sept évangélisateurs " C’est ainsi que l’on nomme les disciples de Santiago, qui seraient revenus après sa mort poursuivre l’évangélisation de l’Espagne. Ils seraient arrivés par la mer à Alméria, puis auraient pénétré dans la péninsule … par l’itinéraire du Camino Mozarabe !

C'est le nom des disciples de Santiago, qui seraient revenus après sa mort pour continuer l'évangélisation de l'Espagne. Ils seraient arrivés à Almería par la mer, puis ils seraient entrés dans la péninsule ... par la voie du Mozarabe!

Torcuato à Guadix, Tesifonte à Berja, Indalecio à Pechina puis premier évêque d'Almería, Eufrasio, patron du diocèse de Jaén;

quelques autres (les flèches jaunes manquaient à ce moment et elles avaient tort):

Isicio à Cazorla (pas si loin du Mozrabe, ...), Segundo à Ávila.

Ils seraient arrivés par la mer à Alméria, puis partirent à Guadix où ils furent poursuivis et se dispersèrent ensuite, en suivant l’itinéraire du Camino Mozarabe !

Introduction: le Camino mozarabe entre à Grenade par l'Abadia del Sacromonte....

L'arrivée du Camino mozarabe à Grenade est vraiment merveilleuse. Un vrai cadeau pour le pèlerin qui vient de traverser la Sierra Nevada.

En fait, le Camino descend directement de la montagne de l'Alhambra, sans les entrées sans fin des villes qui minent les modèles et le moral des pèlerins.

La Voie mozarabe ravit le pèlerin qui vient de se casser les jambes avec des cailloux pendant plusieurs jours avec un spectacle majestueux: l'opulent jardin Vega de Córdoba et son joyau de pierre dorée.

L'entrée de ce paradis biblique semble être gardée par l'imposante abbaye du Sacromonte, avant de descendre dans le célèbre quartier gitan du même nom.

Le 1er février, vous pourrez assister à la procession, avec la fiesta qui l'accompagne : famillale, avec danse (et cerveza !) . C'est en honneur  de San Cecilio, le saint patron de Grenade. Attention, Saint Cecilio au masculin!

Une longue promenade à travers l'histoire espagnole: évangélisation, Maures,

Pourquoi cette abbaye? D'où sort ce "Cecilo" honoré par tout Grenade?

Pour le savoir, il faut faire un détour long mais fascinant à travers l'histoire espagnole:

- Les premiers temps de l'évangélisation en Espagne et Les "Siete varones", disciples de Santiago.

- La terrible histoire de l'expulsion des "Moriscos" et des guerres cruelles des Alpujarras

- Les débats théologiques et politiques de la fin du XVIe siècle.

Avec un petit joyau : découvrir un incroyable roman policier, intrigue linguistique, théologique : la fabrication de faux documents historiques, une authentique "FAFE NEWS" du XVIe siècle.

Le Sacromonte est le témoin et un protagoniste de première importnce de toutes ces aventures historiques !


Les sept évangélisateurs  "Siete varones apostólicos"

Nous sommes au 1er siècle, Saint Jacques vient d'être martyrisé à Jérusalem.

Ses disciples retournent dans la péninsule pour continuer l'évangélisation entreprise par l'apôtre (avec assez peu de succès, comme en témoigne l'épisode de l'apparition de la Vierge du Pilar de Saragosse, venue l'encourager). .

Ils sont envoyés par Saint Paul et Saint Pierre en personne, l'un d'eux, San Torcuato, étant nommé évêque par l'apôtre Pierre, premier pape de l'église.

Ce sont "Les siete varones apostólicos":

Ils arrivent à Almería par la mer, puis vont à Acci, la Guadix de l'époque, où San Torcuato martyrisé et enterré, à quelques kilomètres du centre de la ville actuelle.

 Un sanctuaire (encore bien conservé mais fermé : pour visiter, demander à l'Association d'Almeria ) est consrtuit sur place, avec  auberge pour les  pèlerins (dans une immense "cueva")  venus pour procession annuelle en l'honneur de San Torcuato.

Les autres disciples se sont dispersés, suivant l'itinéraire du Camino mozarabe!

San Cecilio à Grenade, Tesifonte à Berja, Indalecio à Pechina puis premier évêque d'Almería, Eufrasio, patron du diocèse de Jaén;

Deux autres se sont écartés du Mozarabe (les flèches jaunes manquaient à l'époque !): Isicio à Cazorla  Secundo à Ávila.

Toute cette histoire est racontée par la tradition. Elle est documentée depuis le XIIème siècle, daprès des documents plus anciens. Comme souvent en matière de paléo-christianisme, ce récit a été élaboré des siècles plus tard.

Mais dans ce cas, précis, avec plus de preuves archéologiques ou écrites que d'habitude.

En référence à l'histoire de Siete Varones, l'Association du Camino Mozarabe d'Almeria a Grenade a crée l'ITER PASSIONARIUM pour les pélerins

Nous proposerons une publication sur ce site pour mieux analyser l'historigraphie de cette légende/histoire des Siete Varones, avec des publications universitaires.

San Cecilio et les "Plombs" du Sacromonte.

San Cecilio arrive à Ilibiris (dont Grenade prendra la suite, tout près de la ville romaine) après le martyre de San Torcuato à Acci/Guadix.

Il est martyrisé à son tour, brûlé vif. Il est identifié dans des documents du Xeme siècle comme fondateur de l'archvêché de Grenade..

Après la reconquête, quinze siècles plus tard, la première église construite à Grenade (1502 1540)  lui est dédiée, ce qui indique la persistance d'une dévotion après sept siècles de domination arabo-berbère du royaume de Grenade.


Mais c'est encore un siècle plus tard, entre 1588 et 1599 que deux découvertes vont raviver la dévotion à San Cecilio :
En 1588 d'abord, sous la Torre Turpiana à Grenade : on démolit le minaret de la mosquée, sous leque on découvre des ossements et des parchemins.

Dix ans plus tard, c'est dans la montagne, qu'on fait d'autres découvertes, d'ossementsavec de mystérieuses plaques en plomb écrites.

Les écrits attestent qu'il s'agit des restes de San Cecilio, qui aurait été martyrisé ici même l'an 2 du règne de Néron. Un concile local valide dès 1600 l'authenticité des reliques.

Une chapelle, puis une abbaye est construite sur place : c'est le Sacromonte. La ville de Grenade adopte San Cecilio pour saint patron.

Pourtant, dès l'origine, ces découvertes intriguent : elles sont en latin et en arabe, avec des références au judaisme et à Salomon. Les graphies semblent archaiques, mais des érudits mettent en doute leur authenticité.

Les traductions, elle mêmes polémiques, révèlent un message surprenant : San Cecilio serait bien un des disciples de Santiago, et serait d'origine arabe. Les écrits proposent un synchrétisme entre la christianisme et la révélation islamique.

Ces reliques attesteraient donc d'une participation d'arabes à l'évangélisation de la péninsule.

Une découverte d'importantce majeure dans le contexte historique espagnol et grenadin. Petit rappel :

Les moriscos :

Après la victoire définitive des chrétiens dans la péninsule avec la chute de Grenade en 1492, s'ouvre une longue période ou les musulmans d'Espagne et leur descendants sont progressivement contraints d'abandonner leur religion, leurs langiue (1526), leurs uasages (vêtements, cuisine,...). Contrairement aux usages médiévaux et au traité de capitulationsigné par le Rois Catholiques, une politique de christiannisation et "hispanisation" forcée est appliquée.

Cette politique conduit à des débats violents entre le roi, la noblesse, l'eglise, la papauté,.... et donne lieu à des mouvements de résitance : les pratiques religieuses se poursuivent clandestinement (juifs et musulmans mal convertis), et des révoltes éclatent.

Dès 1499-1501, dans les vallées de la Sierra Nevada. Ce sera le prétexte pour les Castillans de rompre le Traité de Grenade signé à la reddition de. Mais la plus puissante révolte de ceux qu'on appelle désormais "moriscos" éclate à Grenade et dans la Sierra Nevada.

La guerre des Alpujarras

Nous sommes en 1567, trois générations après la reconquête de Grenade.

La population du royaume est encore à majorité d'origine musulmane, mais a dû abandonner sa religion et s'intégrer dans la nouvelle civilisation : certains s'assimilent et acquièrent des charges civiles ou ecclésiastiques (rappelons que l'essentiel de la Péninsule a été conquise par les chrétiens depuis trois siècles!). D'autres, notamment dans les campagnes, résistent .

De nouvelles mesures coercitives sont prises par le nouveau roi, Philippe II  à l'encontre de l'ensemble de la communauté (la "pragmatica d'aout 1567), et la révolte gronde puis éclate en décembre 1568.

L'armée castillane et les "vieux chrétiens" d'Andalousie gardent le contôle de l'Albaicin et de Grenade, mais toute la région Sud et Est de la Sierra Nevada, les Alpujarras, sont sous le contrôle des rebelles.

Une alliance dirigée par Aben Humaya composée de bandits de grands chemin, des populations locales et de renforts venus du Magheb et de Turquie infligent des défaites aux Castillans. Dans les deux camps, des atrocités sont commises entre soldats et dans la populations civiles : massacre de villages entiers, prètres crucifiés,...

Il faut faire venir  l'infant Juan de Austria, vainqueur de la bataille de Lepante, et des troupes de tout l'empire de Castille pour mater la rébellion, après 3 ans d'atrocités en mars 1571.

L'ensemble de la population du Royaume de Grenade est alors déportée vers les autres régions d'Espagne.

Après l'échec de la Révolte des Alpujarras, tous les "moriscos" d'Espagne s'inquiètent, même dans les régions où ils sont bien intégrés  : de vifs débats divisent la noblesse et l'église catholique pour décider du sort des très nombreux morisques du pays

Pour certains, l'évangélisation et l'hispanisation sont impossibles. La révolte des Alpujarras, les pratiques religieuses clandestines font des "moriscos" des ennemis de l'intérieur; leur "sang et corrompu", il faut préserver l' "pureté de la race". En outre, l'armée turque pourrait débarquer, et s'appuyer sur des centaines de milliers de moriscos partout dans le pays, dans l'Aragon, les Royaume de Valence, l'Andalousie.

Il faut les expulser; tous.

D'autres, le roi, les nobles savent bien que les Moriscos sont nécessaire à l'économie du pays : que vaudrait les immenses domaines qu'ils ont acquis sans le travail des paysans, tous moriscos ? Et l'artisanat urbain?

Pour le pape et une partie de l'église, le baptême reçu suffit à faire des moriscos des chrétiens sous la protection de l'Eglise.

D'ailleurs après plusieurs générations, de nombreux moriscos sont devenus prêtres, moines et même abbées; d'autres  ont gravi les échelons des institutions civiles et universitaires. Les communautés moriscos ont d'ailleurs offert partout en Espagne de magnifiques églises, avec ce style "mudejar" , où l'art hérité d'Al andalus est désormais au service de la gloire du Seigneur et de son église.

La dernière tentative des Moriscos de s'accrocher à la terre ancestrale ne fut pas une nouvelle révolte armée. Les dernières armes des moriscos seront leurs savoirs linguistiques, théologiques et politiques, engagés dans un "coup de communication", une "manoeuvre d'intoxication stratégique" admirablement bien conçu : les livres de plomb du Sacromonte. Fournir une preuve historique de la précocité du christianosme arabe etn Espagne et établi un sychrétisme en islam et christianisme.

Mais la tentative échoera: dans le contexte que nous venons de décrire, leur message était inacceptable, inaudible. Accepter une origine arabe à la christianisation de l'Espagne ruinerait la théorie de la "pureté de la race" et de l'essence allogène des Moriscos.

Un réexamen des textes donnera raison à ceux qui doutaient de leur authenticité. En 1684, le Pape Innocent XI déclare que les documents sont faux et hérétiques.

Bizarrement, l'authenticité des ossements comme reliques de San Cecilio est, elle confirmée, et les pèlerins pourront venir chaque année au Sacromonte le 1Er février vénérer les restes de San Cecilio... et faire la fête.

 

L'énigme des Livres de plomb : une enquête érduite à travers les siècles

Le débat entre historiens, lingusites, épigraphes et théologiens a duré depuis le XVIeme siècle jusqu'à nos jours.
Les progrés de l'analyse des écritures, de la datation, et une meilleure distance des érudits avec les implications théologiques de textes permet désormais de reconstituer la fabrication des "Livres plombés" du Sacromonte.

Les textes seraient l'oeuvre de deux lettrés Moriscos:

Miguel de Luna , descendant d'un éminente famille de Baena est l'interprète en arabe du roi Philippe II en personne

Alonso Castillo, medecin, traducteur en arabe également.

Ils auraient à la fois éctrit les manuscrit, puis auraient été chargés de les traduire et les authentifier.. La mystification était parfaitement organisé.


La tromperie était si bien réalisée, par de grands connaisseurs en langues et dogmes religieux chrétiens et musulmans, qu'il  a fallu de nombeuses études pour discerner les anachronsmes dans les graphies , les lexiques, et les nombreuses références théologiques que contenaient ses écrits.

Ont lira dans la rubrique "DOCUMENTS" de cette publication les textes intégraux d'articles scientifiques (histoire, archéologie et linguistoqiue) analysant les textes et les materiels des parchemins et plaques de plomb

 

 

 

 

 

 

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