Après avoir remonté la rivière Tera depuis Santa Marta, et avant de monter au col de Padornelo pour arriver en Galice par la montagne, le pèlerin mozarabe pourra se reposer dans la belle ville de Puebla de Sanabria.

Bien qu'elle ne compte que 1 164 habitants (2019), Puebla apparaît comme une petite capitale, la première "ville" que rencontre le pèlerin depuis Zamora.

Elle mérite de la connaître davantage, et de se promener dans ses rues, ses églises et son château...

SITUATION GÉOGRAPHIQUE

Pour connaître Puebla de Sanabria et comprendre son histoire, on doit comme toujours se référer à sa géologie et sa géographie.

Nous voici dans une zone montagneuse: les chaînes de montagnes de Culebra (1241 m) au Sud, la chaîne de montagnes de Segundara (2044 m.) À l'Ouest, les chaînes de montagnes de Cabrera au Nord (2121m). À l'Est commence la grande dépression du Duero.

Situé sur un promontoire au-dessus de la confluence de la rivière Castro avec la rivière Tera: la même rivière Tera que le pèlerin mozarabe remonte dpuis quelques jours de Santa Marta de Tera, et qui se jette dans la rivière Esla puis au Duero. Ces rivières sont de formation glaciaire, comme en témoignent les célèbres lacs de Sanabria, également de cette érection glaciaire.

Nous allons voir que cette situation naturelle détermine une grande partie de l'histoire de la ville et de la région de Sanabria

HISTOIRE

Nous ne savons pas grand-chose de la préhistoire dans cette région.

Les Celtes?

Bien qu'il faille toujours être prudent avec les attributions aux Celtes des cultures préromaines, en raison des débats toujours vifs entre historiens et adeptes du celtisme moderne, le rôle des Celtes dans la population et la culture de la région de Sanabria semble tout à fait justifié.

Le blog de codesalog intéressant et documenté par Jose A. Gelado a proposé en 2014 une étude sur la population supposée celtique ou celtibère de Puebla de Sanabria. http://codesalorg.blogspot.com/2004/05/orgenes-celtas-de-sanabria-y.html

Ici, nous essayons de résumer les preuves ou les hypothèses à cet égard:

La population:

Abondance de preuves archéologiques et toponomie de la présence de diverses tribus celtiques dans les régions voisines ou qui peuvent correspondre à l'emplacement de Puebla de Sanabria: les Zoelae, les Orniacos, les Superati, les Zoleas, les Seleni.
L'étymologie: il cite l'avis de Roman del Cerro qui analyse l'étymologie de et SANABRIA en deux mots: ESE / NABAR, de la ibérique ESE = "maison" et NABAR = "plaine entre montagnes recevant de l'eau"
La partie de la zone dans la "culture castreña" de la péninsule nord-ouest, confirmée par la présence de plusieurs forts dans la région de Puebla de Sanabria.
https://es.wikipedia.org/wiki/Cultura_castre%C3%B1a

Les pétroglyphes: l'attribution aux Celtes de pétroglyphes trouvés dans la région, avec des formes lunaires qui correspondent aux traditions celtiques de culte des symboles lunaires, mentionnées par Strabon: "... les Celtibériens et les autres peuples qui les bordent dans le nord adorent à une divinité sans nom que les familles adorent en dansant jusqu'à l'aube les nuits de pleine lune. " . Interprétation confirmée par le Dr G. López Monteagudo:
"La symbologie lunaire, accompagnée d'autres motifs astraux, est très fréquente dans les stèles funéraires qui se propagent dans toute l'Hispanie celtique et qui apparaissent également dans de nombreuses régions de la Gaule et de la Grande-Bretagne ... Preuve de cultes astraux, et peut-être à En même temps funéraire, il faut voir dans les bols et les signes géométriques si fréquents dans les rochers et les pierres de Galice et du Plateau, qui apparaissent parfois en relation avec les chevaux, ... "
Légendes locales, comme à deux endroits près de Puebla de Sanabria d'une légende dans laquelle Santiago saute avec son cheval à une fontaine ”
Les marques de fer à cheval mentionnées ci-dessus correspondent dans plus d'un cas à une légende dans laquelle "Santiago saute avec son cheval vers une fontaine", étant le successeur d'un héros plus âgé.

Les Romains:

Quoi qu'il en soit, malgré leur résistance dans leurs forts fortifiés, les Astur sont vaincus en 25 avant JC. de C. par les Romains, avant le Ve siècle arrivent les Suèves, une population d'origine germanique.

Puente "romano" de Puebla de Sanabria

Les suèves:

C'est au VIe siècle que le toponyme de Sanabria apparaît dans un document des Suevi, tribus germaniques qui occupaient la région: "les Actes du Concile de Lugo", en 569.

Arabes et berbères:

Il semble que Puebla de Sanabria ait continué à être habitée après la conquête arabe du VIIIe siècle, malgré les guerres entre eux et les rois des Asturies d'une part, et les affrontements entre Arabes et Berbères, événements qui ont peut-être dépeuplé la région («le désert del Duero ”) et a laissé peu de documentation et de preuves de l'histoire dans cette période conflictuelle.

Période médiévale chrétienne:

C'est le roi des Asturies Alfonso III qui reconquit au IXe siècle toute la partie nord du Duero, y compris Puebla de Sanabria sous son règne.

Plus tard, en 1150, le roi Alphonse VII de Léon ordonna la restauration du monastère de San Martín de Castañeda, et en 1195 le roi Alphonse IX de Léon confirma Puebla de Sanbria comme un "villa", un bastion léonnais à la frontière avec le Portugal.

Au XIIIème siècle, Puebla bénéficie de son château fortifié, et de la "Charte Urbaine" accordée en 1220 pour se développer, augmentant sa population.

Epoque moderne:

XIV et XV siècles, plusieurs familles se partagent la propriété de Puebla de Sanabria, dans le cadre du statut de mayorazgo (territoire propriété héréditaire d'une famille) accordé par Juan Io de Castilla comme les Losado, Pimentel, comtes de Benavente

XVIIe et XVIIIe siècles Puebla de Sanabria a souffert des guerres de restauration du Portugal et après la guerre de succession d'Espagne, lorsqu'elle a été conquise et occupée par les troupes portugaises.
C'est en 1715 que la couronne espagnole récupéra Puebla de Sanabria.

EN 1833, Puebla intègre la province de Zamora, au sein de la Région de Leon.

Au vingtième siècle, Puebla et toute la région de Sanabria semblent oubliées au fond de sa vallée.

Le pèlerin le contatera sur le chemin, avec ses hameaux à l'allure médiévale.

A partir de 1990, la région bénéficie de soutiens européens pour connaitre un nouveau développement, avec notamment le tourisme autour du Lac de Sanabria.

Gastronomie :

Le pèlerin a laissé depuis des semaines la cuisine à l'huile d'olive d'Andalousie et d'Extremadoure. Il a franchit une frontère gastronomique, qui eut son importance dans l'histoire de Mozarabs.

Dans ces montagnes au climat rigoureux, on cuisine au lard !

Vous ne pourrez pas manquer les haricots qui se cultivent et se cuisinent ici, de toutes variétés : des petits, des énormes, des blancs, des multicolores..

Ils sont délicieux, et donneront au pèlerin l'énergie nécessaire à l'ascension du Col de Padornelo ;)

La légende de Cervantes en Sanabria :

Une étrange histoire court depuis le début du XXeme siècle : plusieurs historiens, professeurs d'Universités, se sont succédés pour soutenir que Miguel de Cervantes était originaire de la région.

Un petit village près de Puebla de Sanabria, de l'autre coté de la vallée, porte en effet le nom de Cervantes.

Un "Camino de Cervantes en Sanabria", long de 105 km, a été crée et marqué par de belles plaques en céramique (financées par l'Union Européenne), qui font chacune référence à un extrait de Don QUichote, comme preuve de la véracité de cette thèse.

Le Peregrino Cngrejo a essayé ce Camino de Cervantes pour vous : si vous souhaitez vous aussi découvrir la "Maison de l'écrivain" et d'autres sites don quichoquesques, ..  il suffit de cliquer ici

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